L’Ile-de-France est la région la plus grosse consommatrice de produits frais en France. Autre bonne nouvelle, depuis un moment, elle commence aussi à en produire davantage.
Cependant, contrairement aux méthodes classiques, le secteur utilise des champs atypiques et gigantesques pour approvisionner la population. Il s’agit pratiquement de véritables cultures en zone urbaine, dans les banlieues de la métropole.
En sous-sol, sur le toit ou bien sur les façades, les idées ne manquent pas dans la région pour assurer une certaine autonomie alimentaire. Détails.
Fermes urbaines à Paris : simple consommation ou business moderne ?
Tout a commencé en 2017 avec les sœurs Louise, Améla, Bérengère et Philippine Du Bessey. Elles ont créé une petite entreprise « BienElevées » qui se spécialise dans la production de fleurs de crocus. Celle-ci, pour rappel, est l’ingrédient essentiel pour avoir du safran, massivement importé d’Iran et d’Inde (environ 30 000 euros le kilo à l’époque).
Ces plantes sont toutefois faciles à cultiver dans la région avec un peu de terre, de l’eau et du soleil. Les sœurs misent alors sur les toits des villes pour réaliser le projet. C’est le cas notamment des toits de l’école Renaudel, l’Opéra Bastille, le lycée hôtelier Guillaume Tirel ou encore du Monoprix.
Depuis cette initiative, de plus en plus d’agriculteurs optent désormais sur la culture en ville pour monter leur business. Aujourd’hui les différents types d’agriculture urbaine explosent en Ile de France. Cela concerne principalement les fermes périurbaines en circuits courts et les systèmes indoor. Les microfermes et les serres urbaines sont également à mentionner dans ce lot.
Bien entendu, chaque catégorie de culture fournit des ressources différentes, souvent destinées à l’approvisionnement des marchés de la région. Certains modèles, en revanche, sont dédiés à des formations, des séminaires et des ateliers pédagogiques. Il est possible de mentionner le Parc Suzanne Lenglen de Paris 15, Terre Terre à Aubervilliers, le Paysan Urbain de Paris 20 et d’autres fermes à Saint-Denis.
Les collectivités subventionnent les projets d’agriculture urbaine
Face au succès de l’agriculture urbaine, le secteur grandit et continue à attirer de plus en plus d’acteurs. Startuppers, agriculteurs ou entrepreneurs, ils sont désormais nombreux à se lancer dans cette activité en Ile-de-France. Certains d’entre eux sont même soutenus par les responsables de la région.
La cité maraîchère de Romainville qui se présente comme une serre verticale dans la Seine-Saint-Denis en est un parfait exemple. La ferme a obtenu environ 1 million d’euros de la part de l’Etat et un peu plus de cette somme de la part de la Région Ile-de-France. Le Métropole Grand Paris et le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis ont également doté le projet respectivement de 800 000 euros et de 250 000 euros.
Créée en 2021, cette œuvre de l’Institut AgroParisTech produit plusieurs tonnes de légumes bio, de semences, de jeunes pousses et de fleurs comestibles chaque année. Ces produits sont d’ailleurs mis sur le marché avec des prix concurrentiels et avec 75% de réduction pour les personnes des CCAS, qui sont des publics précaires.
Conscient du potentiel incontestable de cette culture urbaine, de plus en plus de collectivités et de pouvoirs publics se sont mis à investir dans ce secteur. Depuis lors, de nombreux projets ont pu voir le jour, comptant sur le soutien financier et administratif des dirigeants étatiques. La Bergerie nationale de Rambouillet et la fameuse Nature Urbaine d’Agripolis à la Porte de Versailles en sont de parfaits exemples.